Jusqu'ici tout va bien...

27 février 2006

Millésime de 1995. Pas encore de dépôt, toujours aussi percutant.

La Haine.

D'un côté : ceux qu'on a parqués il y a 40 ans dans des barres de transition, pas rénovées depuis, les anciens outils bien pratiques, devenus les parias, la gangrène de la société, les boucs émissaires.
De l'autre : les uniformes, projetés dans les "quartiers sensibles" plutôt qu'à Neuilly, et parmi eux, ceux qui se font dessus à la vue d'un jeune du ghetto, les réglos qui tentent de faire justice ou au moins de calmer le jeu, et ceux qui abusent de leur pouvoir, de la matraque et de leur calibre homologué.

Dans les deux "camps", la haine, apportée au fil du temps, des violences, des vengeances et représailles. Elles les bouffent, elles rongent leur sens commun et leur réflexion. Car oui, des deux côtés il y n'y a pas que des imbéciles, au cas où vous en doutiez (mieux vaut ne pas généraliser à l'extrême, dès lors on dit des absurdités... c'est donc pour ça que j'aime pas les sciences éco. et sociales !!! Prise de conscience !)

Mathieu Kassovitz signe ici un film presque documentaire, éclatant de violence et de sobriété. Le noir et blanc contraste avec l'abscence de manichéisme, de parti pris, même si l'on se place du point de vue des jeunes "banlieusards" Saïd (Kamel Belkhadra), Hubert (Hubert Koundé) et Vincent (Vincent Cassel). On sourit, voire on rit à un humour candide, spontané, néanmoins juste et pertinent (certaines répliques de Saïd sont vraiment excellentes, j'étais écroulée).

La mise en scène est vraiment recherchée. Des tas de détails du décor, du point de vue de la caméra... Ca sent le travail fignolé, réfléchi, et pourtant ça ne dénature pas le sujet ni sa brutalité, sa rugosité. En un mot : efficace.

Un moment particulier, marquant : pour moi, la parabole servie par un homme à l'accent non identifié, dans des toilettes. Tel un prophète, il met en garde les protagonistes par métaphore. Excellent. Original.